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Des forêts françaises appréciées, mais mal connues

Pour 53 % des Français, les forêts métropolitaines sont surexploitées.

Une étude des Coopératives forestières françaises révèle que « si la forêt est appréciée des Français, elle n’en est pas moins méconnue », soulignant ainsi le besoin d’informer et le rôle clé que peuvent jouer les professionnels forestiers.

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À l’heure du premier anniversaire du « plan forêts » divulgué par le gouvernement après les incendies ravageurs de l’été 2022, les Coopératives forestières françaises (UCFF) ont souhaité interroger les Français sur leur connaissance du patrimoine forestier, et leur opinion sur les enjeux liés.

Réalisée en septembre 2023 auprès d’un échantillon de 1 026 participants, représentatif de la population française, l’étude souligne que la « prise de conscience des Français face aux enjeux de la construction de la forêt de demain, et la mise en place de politiques publiques semblent converger », malgré de grandes méconnaissances sur la situation actuelle.

Deux erreurs majeures de représentation de la gestion des forêts

Lors de son dernier inventaire, l’Institut géographique national (IGN) recense 17,1 millions d’hectares de forêts françaises en 2021. Alors qu’elles occupent presque un tiers du territoire métropolitain, les Français ont « globalement le sentiment de mal les connaître à cause d’un manque d’information qui les amène à se construire une représentation erronée de leur état », ainsi que de la façon dont elles devraient être gérées.

De fait, pour les Français, « gestion des forêts » rime encore trop avec « surexploitation ». L’idée que la « non-intervention » est un gage de préservation des forêts existe chez de nombreuses personnes (48 %). Au contraire, l’UCFF explique que « la forêt peut devenir plus vulnérable aux menaces environnementales » en l’absence d’intervention.

Autre grande erreur de représentation, plus de la moitié des Français pense que les forêts métropolitaines sont surexploitées (53 %), et que la récolte du bois en France détruit les forêts (52 %). Pourtant, l’UCFF rappelle que « la déforestation n’existe pas en France métropolitaine ». Par ailleurs, pour presque trois quarts des interrogés (74 %), « la superficie globale de la forêt en France a diminué au cours des deux derniers siècles ». Une idée tout aussi fausse, puisque celle-ci a été multipliée par deux.

Le changement climatique pas toujours identifié comme menace

Une grande majorité des Français (74 %) identifie les incendies comme la principale menace des forêts, et près de la moitié mentionnent également les menaces liées aux incidents météorologiques : sécheresse, changement climatique, et vents violents ou tempêtes. La déforestation fait également partie des principales menaces pour la moitié des interrogés, bien qu’elle n’existe pas en France. En revanche, l’absence d’intervention humaine n’est perçue comme une menace pour les forêts que par 17 % des Français.

Un autre chiffre est à souligner dans l’étude réalisée : la part encore trop élevée des Français qui estime « qu’il n’existe encore aucune conséquence visible du réchauffement climatique sur les forêts », et qui représente plus d’un français sur quatre (27 %). De son côté, l’IGN constate un accroissement de 54 % de la mortalité des arbres français lors de son inventaire forestier sur la dernière décennie. Parmi les facteurs explicatifs, sécheresse et manque d’eau provoqués par le réchauffement climatique ne peuvent être exclus.

Un « plan forêts » très largement méconnu

87 % des Français ne savent pas précisément ou pas du tout en quoi consiste le « plan forêts », mis en place en octobre 2022. Ce plan vise à accompagner les communes et les propriétaires forestiers privés dans la gestion durable des forêts. Il prévoit de planter un milliard d’arbres en dix ans, avec le renouvellement de 45 000 hectares, et la création d’un fonds de financement pérenne.

Le rôle essentiel des forestiers

Néanmoins, la grande majorité des Français accorde sa confiance aux professionnels de la forêt, « tout en exprimant des attentes fortes vis-à-vis des gestionnaires forestiers, notamment face au changement climatique ».

Par ailleurs, nombreux sont ceux qui craignent que le « plan forêts » n’ait que peu d’impact sur la situation française. Par conséquent, 90 % des Français estiment que « les propriétaires et gestionnaires de forêts privées doivent être associés à ce plan » pour atteindre les objectifs fixés. Et dans cette démarche, ils se prononcent en faveur d’un accompagnement technique des propriétaires de forêts privées (85 %) afin de « les aider à gérer durablement leurs forêts ».

Pour assurer la gestion durable des forêts, les répondants nomment en premier les organismes en charge de la gestion forestière tels que l’UCFF ou l’Office national des forêts (ONF). Pour l’UCFF, l’étude révèle le besoin d’informer les Français sur l’intervention des forestiers pour la gestion durable des forêts, et leur adaptation face au changement climatique « qui va dix fois plus vite que la capacité des forêts à s’adapter naturellement ».

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